Finance durable : favoriser le financement d’une économie plus responsable

Conseillers financiers, bancaires et en gestion de patrimoine : vous avez un rôle clé dans le financement de la transition écologique. Face à une demande de plus en plus importante, comment accompagner les épargnants sur la finance durable ?

Comprendre la finance durable

La finance durable correspond à la prise en compte du long terme dans les placements et investissements financiers, au-delà de la seule optimisation du couple rendement/risque financier.

L’objectif de la finance durable est de contribuer à financer des projets et des entreprises qui sont soit : considérés comme « vertes » au sens de la taxonomie européenne ; soit en « transition » selon un plan de transition aligné avec les Accords de Paris ; soit prenant en compte des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

La finance durable est un terme générique qui recouvre 3 approches différentes :

  • La finance verte vise à favoriser l’accélération de la transition écologique et la lutte contre le changement climatique, en finançant des projets et des entreprises ayant un impact positif sur l’environnement.
  • La finance solidaire vise à financer des projets destinés à lutter contre l'exclusion et à améliorer la cohésion sociale (projets de réinsertion, de lutte contre le chômage, de lutte contre le mal logement, de solidarité internationale, etc.).
  • La finance responsable vise à faciliter l’accès aux financements de projets ou à des investissements socialement responsables, définis selon des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Les chiffres clés de la finance durable en France

64 % des personnes interrogées trouvent qu’il est important que leur conseiller leur demande s’ils souhaitent réaliser des placements « responsables » ou « durables ». Source :

66 % des Français interrogés considèrent que l’enjeu du développement durable est important. Source :

72 % des Français interrogés connaissent pas les différentes façons d’investir de façon « responsable » ou « durable ». Source: Source : Sondage OpinionWay pour l’AMF 2023 Source :

Le guide destiné aux conseillers pour accompagner les épargnants sur leurs préférences de durabilité

Dans le cadre du projet européen Finance ClimAct, l'ADEME déploie la campagne « Épargnons l'avenir » afin d'accompagner les conseillers et les épargnants sur l’expression des préférences de durabilité.

Pour permettre une expression éclairée des épargnants sur leurs préférences de durabilité et un accompagnement adéquat par les conseillers sur ce sujet, l’ADEME a élaboré un guide qui vise à aider les conseillers sur trois objectifs clés :

  • Identifier les « préférences de durabilité » des épargnants, puisque c’est une obligation légale pour les conseillers depuis l’entrée en vigueur de la « Directive MIF 2 » révisée en France et de la directive DDA « Directive distribution en assurance » pour l’assurance-vie. En savoir plus
  • Renforcer la qualité du conseil en finance durable avec une meilleure connaissance de l’offre existante de produits sur la finance durable et des attentes des épargnants.
  • Limiter le risque d’écoblanchiment (ou greenwashing) par une bonne connaissance des attributs extra-financiers des produits et par davantage de transparence afin de proposer des produits correspondant aux attentes des épargnants en matière de durabilité.

Epargnons l’avenir : le guide conseiller

La montée en compétences des conseillers financiers, conseillers bancaires et conseillers en gestion de patrimoine est indispensable à l’amélioration du conseil avec une bonne connaissance de la finance durable et de la réglementation applicable.

Les certifications en finance durable

Il convient de rappeler la complémentarité de ce guide avec des démarches de formation continue en finance durable comme :

Actualités de la finance durable

Les labels de la finance durable

Les conseillers ont la possibilité de s’appuyer sur des produits financiers labellisés, certifiés par des tiers indépendants, s’ils sont pertinents en fonction des appétences exprimées par les épargnants quant à l’investissement de leur épargne.

Il existe ainsi différents labels français qui disposent chacun de leurs propres caractéristiques, garanties (et non garanties) et gouvernance :

Logo du label ISR, Investissement socialement responsable, République française

Le label ISR (Investissement socialement responsable)

Le label ISR (Investissement Socialement Responsable) vise à appliquer à l’investissement les principes du développement durable. Ainsi, le choix d’un investissement ne sera pas uniquement dicté par des considérations financières de court terme mais prendra également en compte des critères extra-financiers, comme le respect de l’environnement, le bien-être des salariés dans l’entreprise ou la bonne gouvernance au sein de cette dernière. Une refonte du label est en cours pour augmenter son niveau d’exigence, en y intégrant, entre autres, une sélectivité renforcée ainsi que des exclusions obligatoires.

Logo du label Greenfin Label France Finance Verte

Le label Greenfin

Le label Greenfin a pour objectif de mobiliser une partie de l’épargne au bénéfice de la transition énergétique et écologique. Il garantit la qualité verte des fonds d’investissement et a pour particularité d’exclure les fonds qui investissent dans des entreprises opérant dans les secteurs défavorables à l’environnement (charbon, pétrole, etc.).

Logo du label Finansol.

Le label Finansol

Le label Finansol a été créé pour distinguer les produits d’épargne solidaire des autres produits d’épargne. Il atteste que l’épargne contribue au financement d’activités génératrices d’utilité sociale et environnementale et repose sur des critères d’impact social et de transparence.

Label Financement participatif pour la croissance Verte

Le label Financement participatif pour la croissance verte

Premier label public destiné au financement participatif, le label « Financement participatif pour la croissance verte » garantit la transparence et l’engagement des projets de financement participatif qui concourent à la transition énergétique et écologique dans les territoires et de réorienter ainsi les financements vers une économie bas carbone.

Logo du label CIES - Comité intersyndical de l'épargne salariale.

Label Comité Intersyndical de l’Épargne Salariale

Le label Comité Intersyndical de l’Épargne Salariale (CIES) porte sur l’épargne salariale et est axé sur une forte exigence sociale (par exemple la qualité du dialogue social, la réduction des inégalités, la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale, etc.) et environnementale (impact environnemental des activités).

La réglementation de la finance durable

La finance durable est encadrée par plusieurs réglementations, tant au niveau national qu’au niveau européen.

La réglementation française : 29 LEC

La Loi Énergie Climat (LEC) est entrée en vigueur depuis 2021. L’article 29 de la LEC oblige les institutions financières à publier leur rapport annuel.

La réglementation européenne

  • La taxonomie européenne est une classification des activités considérées comme durables en fonction de seuils taxonomiques.
  • La directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) vise à harmoniser le reporting de durabilité des entreprises et améliore la disponibilité ainsi que la qualité des données ESG.
  • Le règlement SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) renforce la transparence sur les placements proposés aux clients. Le règlement SFDR identifie actuellement trois catégories :
    • Article 6 : Placements sans objectif d’investissement durable.
    • Article 8 : Placements qui intègrent la prise en compte de critères environnementaux et/ou sociaux.
    • Article 9 : Placement avec un objectif explicite d’investissement durable.

FAQ sur la finance durable

En quoi consistent les directives MIF2 et DDA ?

Depuis l’entrée en vigueur de la « Directive MIF 2 » révisée en France et de la directive DDA « Directive distribution en assurance » pour l’assurance-vie, les conseillers financiers, bancaires et en gestion de patrimoine ont l’obligation légales d'accompagner les épargnants sur l’expression de leurs éventuelles préférences de durabilité.

La directive MIF 2 est en vigueur depuis le 2 août 2022 pour les prestataires de services d’investissement (PSI) et depuis le 1er janvier 2023 pour les conseillers en investissements financiers (CIF).

À quoi correspondent les préférences de durabilité des épargnants ?

Concrètement, il s’agit pour l’épargnant d’indiquer à son conseiller s’il souhaite, par exemple, que :

  • son argent finance des projets en faveur de la transition écologique (exemple : le photovoltaïque, l’agroécologie, la préservation de l’eau, la protection de la biodiversité, etc.) ;
  • son argent ne finance pas certaines activités (exemple : le charbon, le tabac, l’armement, etc.).

Par conséquent, dans le cadre de chaque nouvelle proposition de conseil en investissement financier ou de gestion de portefeuille (appelée aussi « gestion sous mandat »), l’épargnant doit désormais répondre à un questionnaire permettant de déterminer ses préférences de durabilité, en plus des questions posées jusqu’à présent (situation financière, objectifs, connaissances et expérience).

Que signifient les critères ESG ?

Les critères relatifs à l’Environnement, au Social et à la Gouvernance (ESG) sont utilisés pour analyser et évaluer la prise en compte du développement durable et des enjeux de long terme dans la stratégie des entreprises.

  • Environnement : le critère prend en considération notamment les émissions de CO2 et de gaz à effet de serre, le recyclage des déchets, la biodiversité, la consommation d’électricité ou encore la luttre contre la pollution.
  • Social : le critère prend en considération,par exemple, la qualité du dialogue social au sein des entreprises, l’emploi des personnes handicapées ou encore la formation des salariés.
  • Gouvernance : le critère prend en considération notamment la transparence sur la rémunération des dirigeants d’entreprises, la lutte contre la corruption ou encore la féminisation des conseils d’administration.

Quelle différence entre la finance solidaire et l’investissement socialement responsable ?

L'Investissement Socialement Responsable (ISR) et la finance solidaire poursuivent un objectif commun : promouvoir une économie durable. Cependant, leurs approches diffèrent par leurs critères et méthodes respectifs.

L'ISR intègre des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) lors de la sélection des entreprises dans lesquelles investir.

D'un autre côté, la finance solidaire vise à financer des projets à fort impact social ou environnemental, surtout dans des secteurs ou régions sous-financés. Elle privilégie les investissements dans des entreprises ou organisations à vocation sociale, comme les entreprises d'insertion, les coopératives ou les associations.

En somme, l'ISR se concentre sur la sélection d'entreprises responsables pour investir, tandis que la finance solidaire vise à financer des projets socialement et écologiquement bénéfiques.

Ces deux approches sont complémentaires et contribuent à construire une économie plus durable, chacune répondant à des besoins et objectifs différents.

À quoi correspondent les obligations vertes ?

Ce sont des obligations émises par une entreprise ou un gouvernement pour financer des projets qui ont des bénéfices environnementaux ou climatiques. Les obligations vertes font partie de la finance verte.

En quoi consiste la finance à impact ?

Il s'agit d'investissements faits avec l'intention de générer un impact social ou environnemental mesurable, en plus d'un rendement financier. C'est une forme d'investissement socialement responsable (ISR) qui va au-delà de l'évitement des dommages pour activement chercher à créer du bien.

La finance à impact est une stratégie d’investissement ou de financement qui vise à accélérer la transformation juste et durable de l’économie réelle, en apportant une preuve de ses effets bénéfiques. Elle fait appel à trois principes piliers de la démarche, l’intentionnalité, l’additionnalité et la mesure de l’impact, pour démontrer :

  1. La recherche conjointe, dans la durée, d’une performance écologique et sociale et d’une rentabilité financière, tout en maîtrisant l’occurrence d’externalités négatives.
  2. L’adoption d’une méthodologie claire et transparente décrivant les mécanismes de causalité via lesquels la stratégie contribue à des objectifs environnementaux et sociaux définis en amont, la période pertinente d’investissement ou de financement, ainsi que les méthodes de mesure, selon le cadre dit de la théorie du changement.
  3. L’atteinte de ces objectifs environnementaux et sociaux s’inscrivant dans des cadres de référence, notamment les Objectifs de Développement Durable, déclinés aux niveaux international, national et local.

Quelle est la définition du « greenwashing » ?

Selon la définition donnée par l’ESMA (Autorité européenne des marchés financiers) en juin 2023, le greenwashing se définit comme une pratique dans laquelle les déclarations, les actions ou les communications liées au développement durable ne reflètent pas clairement et équitablement le profil de développement durable sous-jacent d'une entité, d'un produit financier ou d'un service financier. Cette pratique peut induire en erreur les consommateurs, les investisseurs ou d'autres acteurs du marché.

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